Les jeunes, la musique, leur vie…


Le lien des jeunes adultes avec la musique est très fort.

C’est un loisir, parfois une passion. C’est un moyen d’échanger entre eux, de communiquer et parfois de lier des moments forts d’amitié dans les temps de détente et de loisir.
Tout cela contribue à faire de « la musique » un espace de vie et de rencontre.

Dans ma pratique de sophrologue, j’ai senti, ces dernières années, beaucoup de critiques et de découragement exprimés par les jeunes. Ils estiment être suffisamment informés des risques auditifs lors des soirées, des concerts et des festivals.

Pour illustrer ce propos, je propose de donner la parole à l’une de mes jeunes patientes :
Mes acouphènes ont commencé suite à un concert il y a quelques années. J’avais 29 ans.
Au début, il s’agissait pour moi que « d’oreilles qui sifflent » comme souvent après une soirée. Je ne m’étais jamais demandée ce qu’étaient des acouphènes et n’avais jamais envisagé que cela puisse rester plus de quelques heures.
Ce concert était vraiment « hors limites ». J’ai essayé de trouver des boules Quies, mais ils n’en vendaient pas. J’aurais dû partir car il était clair que c’était vraiment beaucoup trop fort !

Cette jeune femme, après le traumatisme sonore, a senti sa vie « basculer » :
J’ai fait absolument tout ce qu’il ne fallait pas… rester cloitrée chez moi dans un silence total en croyant que cela reposerait mes oreilles, attendre en « écoutant » mes acouphènes, focaliser dessus et paniquer ! J’avais l’impression d’avoir un vieux frigo dans la tête 24h/24, il m’était impossible de dormir, j’étais dans un état d’épuisement et de stress aigu ! Chaque son me paraissait décuplé et m’agressait ».

Elle a cherché partout de l’information avec la volonté de vouloir vivre comme avant et de trouver la solution pour l’aider. Souvent, pendant cette période de recherche de solution, le stress s’installe par rapport au milieu bruyant ; cela peut rendre le sujet craintif, plaintif avec des comportements d’évitement social ou au contraire de sur-activation pour oublier l’enfer dans la tête.
J’ai fait la tournée des ORL, qui n’ont pas été d’un très grand secours, je dois dire. J’en étais arrivée à envisager le pire après 3 semaines sans dormir et à tourner en rond.

Comme beaucoup d’autres jeunes, Elisa a trouvé la punition injuste et beaucoup trop sévère :
Le plus dur était de me dire que j’avais un corps en parfait état et que j’avais moi-même provoqué ce dysfonctionnement par une attitude excessive et un manque de protection. Cela a vraiment été le plus dur à « digérer ». La culpabilité s’est ajoutée à la souffrance.

Plus on rencontre tôt la personne dans son parcours, plus les chances de succès thérapeutique sont importants.

Ce qui a beaucoup changé et amélioré les prises en charge des jeunes adultes, ces dernières années, ce sont les équipes pluridisciplinaires avec le diagnostic du médecin ORL, l’information diffusée et les propositions thérapeutiques pour aider les personnes en souffrance à passer ce cap difficile.

Le sujet se sent alors « écouté et soutenu ».
L’information peut passer : oui, il est possible de reprendre une vie normale.
Pour cela, deux objectifs sont à mener en priorité :
- avoir davantage d’information sur le bruit et les risques pour l’oreille
- utiliser des techniques anti-stress pour vivre normalement et se réexposer à un environnement bruyant le plus tôt possible dans le parcours.

Voilà ce qui s’est passé pour ma jeune patiente :
Sur les conseils de ma mère qui connaissait la sophrologie, j’ai contacté Patricia Grévin. Pour être honnête, ayant vu qu’aucun médecin ne pouvait rien pour moi, je me suis exécutée car j’étais « à bout », mais sans trop y croire.
Lors de notre premier contact, j’ai entendu un discours totalement différent de celui qui m’avait été donné par les médecins rencontrés. Patricia a été très apaisante et rassurante. Rien n’avait l’air d’être une fatalité.
Lorsque j’ai raccroché, le changement était déjà en marche !

Elisa est venue régulièrement me voir à mon cabinet pendant quelques semaines : 
Par des exercices de relaxation, des ancrages, beaucoup de dialogue et de douceur, j’ai compris au fil des séances pourquoi cela m’était arrivé. Au-delà du choc sonore, j’étais toujours en état de tension permanente. J’avais arrêté d’écouter mon corps depuis trop longtemps !
J’ai fini par ne plus considérer ces acouphènes comme une gêne, ils faisaient partie de moi et je devais les accepter. Cette acceptation a été la clé.

Plusieurs mois ont passé, elle fait les remarques suivantes :
Aujourd’hui, je ne les « entends » plus à moins de les écouter et ils ne m’empêchent plus de dormir. Je les considère comme un signal de mon corps lorsque leur son varie et qu’ils augmentent, c’est le signal pour moi de me calmer, de prendre du recul sur ce qui m’énerve.

Elisa veut reprendre sa passion :
Une fois cette acceptation faite, je n’étais tout de même pas prête à retourner dans des lieux bruyants, j’évitais même les bars. Un jour j’ai pris conscience que la peur dirigeait trop ma vie. Nous avons travaillé sur ce point avec Patricia et le problème était réglé en une séance !

L’été dernier, elle me donne de ses nouvelles :
Je suis retournée peu à peu à des activités sociales bruyantes (avec boules Quies bien sûr) … jusqu’à juillet dernier où je suis partie au festival Calvi on The Rock pour une semaine de musique 24h/24.
J’avais fait faire des bouchons sur mesure et me tenais assez éloignée de la scène, je suis restée à l’écoute de mon corps, cela a été une véritable victoire sur moi-même.

La conclusion faite par ma jeune patiente : 
Tout ce cheminement s’est fait en très peu de séances (Patricia, je crois 5, est-ce bien cela ?). Cela montre qu’avec un bon accompagnement, ce que l’on perçoit comme un handicap peut vraiment devenir anecdotique. Il ne faut pas désespérer et surtout prendre conscience qu’avec des bouchons, la vie continue, même en musique !

Le message que je souhaite personnellement faire passer à travers ce témoignage, en tant que sophrologue et membre d’une équipe pluridisciplinaire, c’est :
Oui on peut vivre normalement après un traumatisme sonore.
Oui il faut se protéger, ne pas sur-exposer l’oreille, ne pas hyper-protéger l’oreille, mais en faire « une alliée » pour à la fois éprouver le plaisir de ce magnifique organe sensoriel et pour le protéger de toute agression sonore qui pourrait l’endommager à court ou moyen terme.

Article rédigé par Patricia GREVIN et extrait du Livre Blanc \"Des oreilles pour la vie, un enjeu de santé publique\" diffusé lors de la 18e Journée Nationale de l’Audition.