Les jeunes, la musique, leur vie…
Le lien des jeunes adultes avec la musique est très fort.
C’est un loisir, parfois une passion. C’est un moyen d’échanger entre eux, de communiquer et parfois de lier des moments forts d’amitié dans les temps de détente et de loisir.
Tout cela contribue à faire de « la musique » un espace de vie et de rencontre.
Dans ma pratique de sophrologue, j’ai senti, ces dernières années, beaucoup de critiques et de découragement exprimés par les jeunes. Ils estiment être suffisamment informés des risques auditifs lors des soirées, des concerts et des festivals.
Pour illustrer ce propos, je propose de donner la parole à l’une de mes jeunes patientes :
Au début, il s’agissait pour moi que « d’oreilles qui sifflent » comme souvent après une soirée. Je ne m’étais jamais demandée ce qu’étaient des acouphènes et n’avais jamais envisagé que cela puisse rester plus de quelques heures.
Ce concert était vraiment « hors limites ». J’ai essayé de trouver des boules Quies, mais ils n’en vendaient pas. J’aurais dû partir car il était clair que c’était vraiment beaucoup trop fort !
Cette jeune femme, après le traumatisme sonore, a senti sa vie « basculer » :
Elle a cherché partout de l’information avec la volonté de vouloir vivre comme avant et de trouver la solution pour l’aider. Souvent, pendant cette période de recherche de solution, le stress s’installe par rapport au milieu bruyant ; cela peut rendre le sujet craintif, plaintif avec des comportements d’évitement social ou au contraire de sur-activation pour oublier l’enfer dans la tête.
Comme beaucoup d’autres jeunes, Elisa a trouvé la punition injuste et beaucoup trop sévère :
Plus on rencontre tôt la personne dans son parcours, plus les chances de succès thérapeutique sont importants.
Ce qui a beaucoup changé et amélioré les prises en charge des jeunes adultes, ces dernières années, ce sont les équipes pluridisciplinaires avec le diagnostic du médecin ORL, l’information diffusée et les propositions thérapeutiques pour aider les personnes en souffrance à passer ce cap difficile.
Le sujet se sent alors « écouté et soutenu ».
L’information peut passer : oui, il est possible de reprendre une vie normale.
Pour cela, deux objectifs sont à mener en priorité :
- avoir davantage d’information sur le bruit et les risques pour l’oreille
- utiliser des techniques anti-stress pour vivre normalement et se réexposer à un environnement bruyant le plus tôt possible dans le parcours.
Voilà ce qui s’est passé pour ma jeune patiente :
Lors de notre premier contact, j’ai entendu un discours totalement différent de celui qui m’avait été donné par les médecins rencontrés. Patricia a été très apaisante et rassurante. Rien n’avait l’air d’être une fatalité.
Lorsque j’ai raccroché, le changement était déjà en marche !
Elisa est venue régulièrement me voir à mon cabinet pendant quelques semaines :
J’ai fini par ne plus considérer ces acouphènes comme une gêne, ils faisaient partie de moi et je devais les accepter. Cette acceptation a été la clé.
Plusieurs mois ont passé, elle fait les remarques suivantes :
Elisa veut reprendre sa passion :
L’été dernier, elle me donne de ses nouvelles :
J’avais fait faire des bouchons sur mesure et me tenais assez éloignée de la scène, je suis restée à l’écoute de mon corps, cela a été une véritable victoire sur moi-même.
La conclusion faite par ma jeune patiente :
Le message que je souhaite personnellement faire passer à travers ce témoignage, en tant que sophrologue et membre d’une équipe pluridisciplinaire, c’est :
Oui on peut vivre normalement après un traumatisme sonore.
Oui il faut se protéger, ne pas sur-exposer l’oreille, ne pas hyper-protéger l’oreille, mais en faire « une alliée » pour à la fois éprouver le plaisir de ce magnifique organe sensoriel et pour le protéger de toute agression sonore qui pourrait l’endommager à court ou moyen terme.
Article rédigé par Patricia GREVIN et extrait du Livre Blanc \"Des oreilles pour la vie, un enjeu de santé publique\" diffusé lors de la 18e Journée Nationale de l’Audition.